par Virginie Incerto créé le 15 septembre 2020
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Comme dans de (trop) nombreux sports, le cyclisme féminin pédale dans la semoule. Les sportives se retrouvent bien moins choyées et médiatisées que leurs homologues masculins, les pratiquantes se plaignent aussi... Et pourtant, la Fédération Française de Cyclisme (FFC) a décidé de passer à la vitesse supérieure en s’engageant dans le développement et la promotion du cyclisme féminin. Et c'est bien ! Zoom sur les progrès accomplis ... et à poursuivre !
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Le cyclisme, sport de mecs ?
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Les femmes cyclistes, victimes de discriminations
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Comment encourager les femmes à pratiquer le vélo ?
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Un événement vélo pour toutes
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Une initiative soutenue par l'Etat
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Quid du cyclisme en ville ?
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Tous en selle !
Le cyclisme, sport de mecs ?
Plus nous en parlons autour de nous, plus le constat émerge comme une évidence : les femmes sont clairement sous-représentées dans le cyclisme. Même si la fédération compte une femme à sa vice-présidence, dans les clubs et sur les routes, c'est une toute autre histoire.
Et notamment, celles qui roulent évoquent un phénomène par trop passé sous silence : le manque de compétitrices dans le domaine du cyclisme.
Alors où est la poule, où est l'oeuf ? La faute aux femmes qui n'osent pas ou aux clubs qui ne mettent pas grand chose en place pour accueillir des pratiquantes ?
Malgré tout, la FFC veut faire bouger les choses en militant pour la parité afin d’encourager la pratique féminine. Dans toutes ses disciplines et sous toutes ses formes, qu’il soit pratiqué en club pour la compétition ou comme simple loisir, le cyclisme désire s'ouvrir aux femmes.
Des associations comme l'Association Française des Coureures Cyclistes (AFCC) participe activement à valoriser la place des femmes dans le cyclisme. En plus de vouloir augmenter leurs effectifs (10% de licenciées et 15 coureures professionnelles seulement !), l'AFCC souhaite accompagner les femmes dans leur carrière de cycliste.
Les femmes cyclistes, victimes de discriminations
Dès qu'on parle de cyclisme féminin, la courroie s'enraye. Car ce milieu semble bien plus contraignant pour les femmes que pour les hommes. Comme elles se retrouvent minoritaires dans les clubs, elles se sentent vite exclues des groupes. Elles doivent s'adapter aux parcours choisis par les hommes, elles doivent lutter contre certzains stéréotypes et mettre une énergie folle à ne pas se décourager. En tant que débutante, une femme cycliste doit réellement s'accrocher pour rester dans le club.
D'après Elisabeth Chevanne-Brachet, la co-Présidente de l'AFCC et ancienne cycliste professionnelle, les femmes cyclistes représentent seulement 10% des cyclistes compétiteurs : très peu de femmes cyclistes vivent de leur passion. Et en plus, celles qui y parviennent sont souvent victimes d'abus dénonce Elisabeth.
"Des cas de harcèlement, des problèmes psychologiques, des problèmes de contrat, des problèmes de paiement..., liste Elisabeth Chevanne-Brachet. Elles déplorent aussi le manque de confiance et d'accompagnement et c'est là que l'association intervient." Depuis sa création en juin 2019, le but de l'AFCC est de créer de la proximité auprès des coureures, et d'installer une relation de confiance. L'association est basée à Paris, mais elle se déploie à travers la France pour rencontrer les femmes cyclistes.
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Comment encourager les femmes à pratiquer le vélo ?
Pourtant, soyons claires, les femmes cyclistes ne sont pas moins douées que les hommes. Elles montrent des qualités sportives indéniables, produisent du beau spectacle, outre ce courage dont elles font preuve de s’engager dans un domaine où elles restent très minoritaires. Une minorité qui est aussi due au fait que les femmes ont beaucoup tendance à pratiquer hors-club.
C’est pourquoi la Fédération Française du Cyclisme encourage la pratique du vélo, que vous soyez sportive, pro ou simple usagère. De son côté, l'Association Française des Coureures Cyclistes a pour but de développer le cyclisme féminin, d'améliorer le statut professionnel chez les femmes, et de réduire les inégalités salariales entre les hommes et les femmes.
Développer la médiatisation des compétitions féminines, comme la Grande Boucle féminine internationale en 2022 ou le Paris-Roubaix le 25 octobre prochain, représente également un défi à relever pour l'association.
Un événement vélo pour toutes
De plus, dans le cadre du programme "Vivre vélo au féminin" de la FFC, le ambassadrices organisent des évènements pour encourager les femmes à pratiquer. Elles invitent donc toutes les femmes à prendre part à une des randonnées cyclistes sur le parcours du premier championnat de cyclisme féminin. Un véritable hommage ! 124 ans après le premier Championnat de Cyclisme Féminin, à Longchamp, un peloton 100% féminin réunissant des cyclistes du quotidien et des championnes françaises s’élancera sur l’anneau cyclable de l'Ouest parisien.
Cet évènement aura lieu la veille de l’arrivée du Tour de France à Paris, le 19 septembre 2020. La FFC, la FDJ et l’association Vélo Longchamp, plus grand collectif cycliste français, se sont donc associés pour promouvoir le vélo auprès des femmes. L'objectif est ainsi d'encourager la pratique féminine sous toutes ses formes.
Une initiative soutenue par l'Etat
Cette volonté de féminisation du cyclisme va de pair avec les exigences gouvernementales. Augmenter le nombre de licenciées féminines sur le territoire national est un projet de la FFC, mais est également inscrit dans le Code du sport.
L’article L100-1 du code du sport dispose que «les activités physiques et sportives constituent un élément important de l'éducation, de la culture, de l'intégration et de la vie sociale. […] L'égal accès des hommes et des femmes aux activités sportives, sous toutes leurs formes, est d'intérêt général».
En plus d’être inscrit dans la loi, le développement de la pratique sportive féminine est prioritaire pour la ministre déléguée chargée des sports, Roxana Maracineanu. En effet, la ministre avait lancé la campagne Sport Féminin Toujours, qui promeut le sport féminin à travers les médias.
Quid du cyclisme en ville ?
Quand on est une femme qui roule à vélo en ville, les choses ne sont pas si simples non plus. Les femmes se retrouvent freinées dans leur envie de pédaler en milieu urbain. Se déplacer à vélo dans l'espace public comporte son lot de sexisme. Tout comme les piétonnes, les femems à vélo subissent également le harcèlement de rue.
Au niveau du Code de la route, les femmes circulant à vélo déclarent ne pas toujours se sentir en sécurité. D'après un article des Inrocks, elles déplorent un comportement de certains automobilistes... qui se permettent des écarts de conduite qu'ils ne feraient pas avec un cycliste masculin.
Chez aufeminin, nous comptons des collègues qui disent toujours porter un cuissard sous leur jupe, car les regards et réflexions désobligeantes à la vue de quelques centimètres carrés de peau sont légion !
Tous en selle !
Cependant, ne baissons pas les bras ! Au contraire !
Avec la multiplication des pistes cyclables, la pratique du vélo masculine comme féminine est de plus en plus facilitée. Strasbourg, Bordeaux, Paris, Nantes, Grenoble, Lyon, Angers…sont autant de villes qui ont procédé à des aménagements pour faciliter la circulation à bicyclette ; ce qui contribue à un sentiment de sécurité, que les femmes semblent revendiquer davantage que les hommes.
La bonne idée pour vous y mettre : acquérir un vélo, à assistance électrique ou non, est une démarche que l'Etat entend promouvoir. Il propose même une aide pour l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE) dans certaines régions.