L’aspect mental de la performance est l’élément « clé » de la victoire. Avoir un mental fort, capable de résister au stress et de fournir une grande détermination est une des caractéristiques premières des grands champions. Comprendre en quoi le mental peut influencer les actes et les comportements du compétiteur est l’objectif de cet article.
EN QUOI LA DIMENSION PSYCHOLOGIQUE INFLUENCE LA PERFORMANCE ?
Dans le domaine des sciences du sport, les connaissances se rapportant à l’individu se regroupent en deux familles : les sciences biologiques et les sciences humaines. La place des sciences humaines dans la recherche de la performance sportive grandit de plus en plus au fil du temps, notamment depuis le début des années 1980, période à laquelle la psychologie du sport a été reconnue en France.
Le développement du sport a créé pour les athlètes de nouveaux enjeux ainsi que de fortes pressions liées au résultat, à l’argent ou à l’aspect social. Les compétiteurs doivent aujourd’hui faire preuve d’une grande force mentale pour répondre aux exigences du sport de haut niveau.
La citation du champion marocain Hicham EL GERROUJ, avant les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, montre la force mentale et la détermination avec lesquelles il s’apprête à disputer les épreuves du 1500 et 5000 mètres : « Celui qui voudra me battre devra frôler la mort… », ça ne laisse pas indifférent ! Deux médailles d’Or historiques en seront la conséquence…
Un peu d’Histoire
Pierre de Coubertin a pressenti très tôt la nécessité de projeter sur le sport l’éclairage de la psychologie et publia en 1900 un article sur le sujet.
La psychologie du sport est un aspect de la pratique sportive, elle représente aussi une branche de la psychologie. C’est en 1965 qu’a lieu à Rome le premier congrès mondial de psychologie du sport. L’avènement des sciences humaines dans les années 1970 a permis de remettre en cause les bases uniquement anatomiques et physiologiques de l’apprentissage des sports telles qu’elles étaient admises dans la première moitié du siècle.
Au regard de ces éléments historiques, on constate que les recherches dans le domaine du sport ont très vite amené les entraîneurs à prendre conscience de l’importance de la dimension psychologique en matière de performance sportive.
Qu’est ce que la préparation mentale ?
L’objet de la préparation mentale à la performance est de permettre au sujet de contrôler ses pensées, ses attitudes, ses actions, afin de les optimiser. Sachant que la force musculaire peut être améliorée par l’entraînement, la force mentale peut, elle aussi, être développée par certaines méthodes.
Cependant, chaque compétiteur présente des caractéristiques psychologiques différentes et atypiques, il est donc impossible d’établir des généralités et des dogmes dans ce domaine.
Le but ultime étant l’amélioration des performances sportives lors des compétitions, on peut cependant identifier d’autres objectifs visés par la préparation mentale :
- augmenter la volonté
- optimiser la motivation
- améliorer la gestion du stress
- améliorer la résistance à l’effort
- apprendre à aborder les évènements positivement
- développer l’estime de soi
- stimuler la capacité de concentration
- améliorer la faculté d’adaptation
- favoriser la cohésion de groupe
La préparation mentale est l’aspect psychologique de la préparation de l’athlète. Au même titre que les qualités physiques et le côté technique, le versant psycho-affectif est investi, à l’entraînement, pour préparer l’athlète à mieux aborder la compétition, à mieux gérer le stress et à utiliser préférentiellement ses propres atouts en fonction du contexte et de l’adversité.
Condition mentale et performance
La dimension psychologique est un véritable facteur de performance, peut-être même un des plus importants. On entend souvent des athlètes revenir sur leur victoire en affirmant que « tout s’est passé dans la tête ». On peut toujours pallier une petite déficience technique ou physique avec un mental fort. C’est le cas du boxeur qui va finir son combat sans flancher malgré une blessure contractée pendant l’affrontement.
Ou encore celui du compétiteur qui doit rencontrer un adversaire beaucoup plus grand que lui et qui va adapter sa technique et sa manière d’agir en conséquence.
En revanche, une déficience mentale est souvent synonyme de défaite. Pour être bien physiquement, il faut être bien mentalement.
La dimension psychologique est un élément capital qui influence très fortement la performance. Il est donc indispensable aux entraîneurs d’avoir conscience de cette réalité et de maîtriser certaines notions théoriques et techniques relatives à la préparation mentale. Au même titre que la préparation technique, tactique et physique, la préparation psychologique et mentale doit faire partie du projet d’entraînement.
La préparation mentale permet donc à l’athlète d’être dans un état psychologique optimal le jour de la compétition. Chaque modification psychologique a une incidence physiologique. C’est le cas de la peur qui fait transpirer, blanchir ou trembler, ou du stress qui augmente le rythme cardiaque et qui peut parfois donner la sensation d’avoir les jambes anormalement lourdes.
Toutes ces modifications physiologiques peuvent devenir des freins à la performance, comme le témoigne le champion du monde de karaté Christophe PINNA en parlant de la peur :
« Il n’est pas rare de se laisser intimider par son adversaire et cette peur devient alors le principal instrument de la défaite. »
Un des enjeux principaux de la préparation mentale est de permettre au sportif de pouvoir gérer ses émotions le jour de la compétition.
A niveau égal, c’est l’envie de gagner et l’enthousiasme qui peuvent faire la différence. Comme l’affirme ici Mike TYSON, champion du Monde de boxe anglaise :
« Il n’y a rien de plus dangereux qu’un boxeur heureux de boxer. »
Ainsi, la volonté de vaincre doit faire partie intégrante des séances d’entraînement, elle relève, comme les qualités physiques, d’un processus de développement.
LE STRESS
Le stress représente la première problématique d’un point de vue mental, et le premier facteur psychologique limitant auquel est sujet le compétiteur. C’est pourquoi il est fondamental de le comprendre et d’apprendre à le gérer.
Selon la définition de Hans SELYE, physiologiste canadien connu pour son expertise en matière de stress, cet état qui se manifeste par un ensemble de réactions de l’organisme est une réaction psycho-physiologique d’adaptabilité entre une personne, ses caractéristiques et un environnement particulier.
L’état de stress recouvre le syndrome d’adaptation, c’est à dire les réactions de stress. Celles-ci sont considérées comme les conséquences d’une modalité de défense de l’individu face à une situation nouvelle qui vient perturber ou rompre la stabilité et l’équilibre intérieur de l’organisme (équilibre physiologique et/ou psychologique).
Les réactions de stress regroupent un ensemble de manifestations biologiques et comportementales mises en œuvre dans des circonstances bien particulières. Elles visent au maintien actif et au rétablissement de cet équilibre.
A travers sa préparation, le compétiteur doit se préparer mentalement à vivre cet état et surtout à gérer les réactions psychologiques et physiologiques induites par le stress. L’erreur serait de penser qu’une préparation mentale permet de ne plus être stressé le jour de l’échéance.
L’objectif n’est pas d’éliminer le stress, ce qui est impossible, mais d’apprendre à le gérer.
Il en est de même pour la peur. Le courage ne réside pas dans le fait de ne pas avoir peur, mais de contrôler sa peur. La maîtrise des émotions est un facteur essentiel de la performance.
Devenir un champion, c’est d’abord être capable d’assumer et d’affirmer sa personnalité. L’aspect psycho-social se révèle lui aussi être un élément fondamental de la performance.
La confiance en soi
La notion de confiance en soi est d’une importance considérable. Elle se traduit par la conviction qu’un sujet a de ses capacités pour adopter un comportement ou réussir une performance sportive. La confiance en soi est une expression du « moi » et de sa construction. Quand le « moi » est fort et souple, capable de médiations entre les désirs et les exigences ou les croyances, la confiance en soi semble être présente.
La confiance en soi se révèle être d’une grande fragilité et d’une grande précarité dans la mesure où le moindre grain de sable peut venir la briser ou l’affecter.
Selon les évènements, elle se construit, se perd, se regagne, se consolide… Elle constitue un long chemin dont on ne doit jamais s’éloigner, elle est l’objet d’un combat intérieur tout au long de la carrière du sportif.
Sans confiance en soi, la performance est une utopie…
« Une des clés du succès est la confiance en soi. Une des clés de la confiance en soi est la préparation. » Arthur ASHE (joueur professionnel de tennis américain dans les années 1970)
Conclusion
La complexité du résultat sportif s’apparente à celle de l’être humain, de même que la difficulté de la compétition nous ramène à la difficulté sociale.
Un athlète doit être considéré dans sa globalité : physique, mentale, sociale, affective et c’est dans l’harmonisation de ces différents états que réside la véritable essence de la performance.