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=► Interview du Docteur Menuet , Médecin du sport, nutritionniste du sport

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Docteur Menuet, vous êtes Médecin du Sport et êtes qualifié en nutrition du sport, vous avez collaboré avec Overstim.s, pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets ?

Effectivement mon expérience du terrain, depuis plus de 20 années au contact direct avec le milieu du cyclisme m’a apporté une bonne vision de la demande qualitative et quantitative pour la nutrition en course, avec l’élaboration de protocoles précis avant, pendant, puis après la course. En différenciant les approches selon la durée de la course, les conditions climatiques, le profil plat ou vallonné, et bien sûr les protocoles sont différents selon qu’il s’agit d’une course en ligne, d’une course par étape (aspect essentiel de la récupération), d’un contre la montre ou d’un prologue, d’un cyclo-cross, d’une épreuve sur piste, d’une cyclo.

Ma qualification en nutrition du sport m’amène à réfléchir à ces protocoles, mais c’est vraiment l’expérience du terrain, les retours d’infos des coursiers, le recueil de leurs sensations qui amènent à bien peaufiner la réponse aux besoins nutritionnels

Vous avez également collaboré avec l’équipe cycliste Sojasun ?

Après une longue expérience de médecin d’équipe auprès de l’équipe cycliste Cofidis, j’ai assuré pendant 4 ans cette mission pour l’équipe bretonne du coureur rennais Stéphane Heulot , structure sponsorisée par l’entreprise Sojasun ; j’ai fait le choix de quitter « ma » Picardie pour rejoindre la Bretagne, me rapprochant ainsi du siège de l’équipe ; ce choix a été largement guidé par un amour fou de la Bretagne, de ses paysages, de sa culture, et de son … attrait pour un cyclisme chargé d’histoire. Pour des raisons financières la très belle histoire de cette équipe Sojasun s’arrête. Ces 4 années ont été marquées par une étroite relation entre les coureurs, le staff, moi-même et Overstim.s pour apporter cette dimension de terrain indispensable et coller à la réalité de la demande en nutrition.

J’ai pris la décision de me lancer dans un « nouveau » challenge : j’ai la chance d’avoir acquis cette expérience de terrain et je me sens redevable de transmettre cette expérience : dans un espace d’exercice que je souhaite convivial, j’ai décidé d’ouvrir à Saint-Malo un cabinet libéral en médecine du sport, en m’intégrant dans le paysage sportif breton, conscient de la présence dans cette région de nombreux acteurs de santé spécialisés dans le sport : chirurgiens orthopédiques, kinés, physiologistes de renom, cardiologues, et nombreux spécialistes qui œuvrent pour la santé du sportif ; ces sportifs étant suivis avec bienveillance par leurs médecins traitants. Et la Bretagne bénéficie d’un cadre performant dans ses structures fédérales pilotées par la région.

Vous avez travaillé dans le cyclisme et possédez une grande expérience terrain dans différentes disciplines : vous avez notamment été Médecin de l’équipe de France de boxe pendant 3 ans, Médecin de ring… Vous avez suivi des Champions du Monde, des Champions Olympiques. Pouvez-vous revenir sur vos différentes expériences ?

J’ai la chance d’avoir suivi et de suivre des sportifs de haut niveau, d’avoir cette expérience de terrain qui m’a surtout appris que le médecin du sport apprend certes de son savoir, mais aussi et surtout de l’expérience des sportifs qui lui font confiance. Je conçois la médecine du sport comme un véritable échange, de connaissances, d’expériences, dans un climat d’écoute et de respect mutuel.

En plus du cyclisme dans lequel j’évolue depuis près de 30 années, j’ai une autre passion qui est la boxe ; mon grand-père faisait de la « savate » (la « boxe française ») et j’ai été imbibé très jeune de la narration de ses exploits. J’ai vécu cette passion de la boxe avec une fonction de médecin de ring depuis une vingtaine d’années, j’ai couvert la surveillance médicale de centaines de soirées, de championnats, et j’ai été un des médecins de l’équipe de France de boxe anglaise pendant 3 années. J’essaye d’apporter dans la boxe une culture de la nutrition dans ce sport concerné par les catégories de poids, par des charges d’entraînements sévères, et des compétitions où il faut amener le boxeur au maximum de sa performance et la nutrition doit être mieux considérée, une pédagogie doit être mise en place dans les structures, dès le début de la pratique ; sur le ring une hypoglycémie ou une déshydratation se payent cash ...

J’ai également assuré la fonction de médecin d’un centre de formation de foot pendant plusieurs années, j’ai eu la chance de travailler auprès de Guy Ontanon lors de son passage comme entraîneur auprès d’athlètes de renom, j’ai suivi de nombreux nageurs, joueuses et joueurs de tennis ; en fait ma présence couvre de nombreux sports.

Ma conviction est que le « doc » apporte une expérience, une disponibilité, au service d’un duo indissociable : le sportif et son entraîneur ; d’autres acteurs interviennent bien sûr, dans une relation de confiance, d’échanges constructifs : le kiné du sport, le podologue, l’ostéo, le préparateur physique, le nutritionniste, le physiologiste, etc. : chacun a sa place dès lors que l’objectif est le bien-être du sportif, c'est à dire sa santé d’abord, mais bien sûr aussi sa performance.

Vous tenez un blog www.medecinedusportconseils.com, quels thèmes y sont abordés ?

c’est un site sur lequel plus d’1.500.000 internautes se sont déjà connectés, site auquel je veux vraiment donner une dimension d’échange d’expériences qui pour moi doit être l’objectif commun ; un seul exemple : sur un article « conseils pour lutter contre le froid » de nombreux sportifs de haut niveau, mais aussi des adeptes du sport loisir, apportent leurs idées, conseils, astuces. Ce site ne se veut pas un espace de sciences et de données référentes : c’est un espace de terrain, pour les acteurs de terrain ; même si bien sûr le sport progresse avec la recherche, les études, les expérimentations : et pour cela d’autres intervenants, plus spécialisés que moi, apportent leurs connaissances sur d’autres lieux de communication : congrès, publications.

Sur ce site je pense apporter des conseils utiles, sans aucune prétention toutefois : les internautes y trouvent peut-être des conseils, sans toutefois adhérer à tout ce que j’expose : le bon sportif est celui qui fait la démarche de s’approprier les conseils qui lui vont bien. J’aborde les conseils de nutrition mais aussi d’hygiène du sport : comment mieux dormir, mieux récupérer, j’énonce sans forcément prendre de gants les dangers de certains régimes, le risque de la consommation de certains compléments « alimentaires », et d’autres problématiques du sport.

Vous attachez une importance toute particulière au mental des sportifs avec l’utilisation de la sophrologie. Est-ce une démarche de plus en plus courante chez les sportifs ?

Comme toute personne qui est immergée dans le milieu du sport j’ai pris conscience que le mental fait partie des outils de la performance ; j’ai pris aussi conscience que le meilleur « coach » (je déteste ce mot …) mental était l’entraîneur, et que ça pouvait aussi être un mécanicien, ou un kiné, ou un assistant. Je ne suis pas du tout dans la démarche de proposer des outils de « psychologie » pure et dure, là aussi il faut coller au terrain, rien qu’au terrain ; à quoi cela sert-il de faire remplir des questionnaires remplis d’items incompréhensibles pour le sportif ; il me semble que des stratégies simples existent : le respect, l’écoute, l’empathie, le partage, bref comment accompagner un sportif pendant une tranche de vie de sorte bien sûr qu’il soit performant mais aussi qu’il puisse s’épanouir ; je pratique effectivement la sophrologie, il m’arrive d’animer des séminaires de formation en sophrologie du sport, oui c’est un bon outil, parmi d’autres, pour structurer la prise en charge d’une demande spécifique : des problèmes de sommeil, un stress nuisible, le décalage horaire, la modification d’un geste technique ; et de nombreux autres aspects ; là aussi doivent primer les stratégies de terrain.

Docteur Menuet, merci beaucoup pour cette interview.